"Redevenir les rois de tout"

Certaines éraflures sont plus pénibles à effacer que d’autres. Quand on rafle tous les trophées pendant quatre ans, un échec comme celui de l'équipe de France à l'Euro laisse plus de traces qu’il n’y paraît. Huit mois après une compétition épouvantable, l’équipe de France se rend à Londres avec plusieurs objectifs en tête ; une appétence à plusieurs strates. En haut de toutes celles-là, la défense de son titre olympique. Juste en-dessous, l'hypothèse d'une médaille plus ordinaire fait aussi envie aux Experts. Quoiqu'il arrive, il faudra montrer autre chose. Dans le passé, avec d'autres générations, les Bleus ont montré leur capacité à relever la tête. Londres dérogera-t-il à la règle ? "Eux seuls ont la réponse", estime l'ancien sélectionneur Daniel Costantini, qui ne pariera pas ses économies sur une médaille d'or.
"Le contexte n’est pas forcément favorable effectivement, avoue Jérôme Fernandez. On sort de quatre années avec quatre titres sur cinq compétitions. Tous ceux-là ont été remis sur le tapis. On avait tendance à dire que c’était exceptionnel. Mais la situation est là : la compétition qu’on n’a pas gagnée, c’est la dernière. C’est ce que les gens retiennent". Les Experts ont donc traversé la Manche avec l’espoir de rafraîchir les mémoires et l’ambition de faire aussi bien qu’en 2008. A Pékin, les hommes de Claude Onesta, qui a prolongé jusqu’en 2016 et les JO de Rio, s’étaient couverts d’or pour la première fois de leur histoire. A partir de samedi, la défense du sacre olympique s’annonce semée d’embûches. Evidemment. L’Euro serbe a fait voler quelques certitudes. Longtemps indestructibles, les Bleus n'ont été que l’ombre d’eux-mêmes, à l’image d’un Nikola Karabatic, souvent déterminant dans les moments-clés et passé, cette fois-ci, totalement à côté. La chute a été d’autant plus brutale.
Redevenir les "rois de tout"
A Londres, il sera intéressant de voir si cette équipe est capable de rebondir. Le capitaine des Experts n’en doute pas : "Il faut montrer ce qu’on a dans le ventre. Cela donne du piment et de l’intérêt, non ? Et puis, il y a un sentiment de curiosité chez nous : pouvons-nous redevenir les rois de tout ?" Cette sensation, l’équipe de France ne la découvre pas. A quelques encablures de la fin de l’ère Costantini, les Français étaient passés tout près de l’implosion. Avant de rebondir. "Cela a été une caractéristique du handball français sous mon 'règne'", reconnait celui qui officie désormais comme consultant pour RMC. Les JO de Sydney n’avaient pas été à la hauteur des attentes placées en lui et ses hommes. Le sélectionneur, miné par le décès de son père (il dirait ensuite à ses joueurs de l'époque : "Je suis mort à Sydney, je suis revenu parmi vous car je pense être le meilleur pour vous amener au bout"), avait lâché ses ouailles en Australie. La réciproque était vraie.
Mais dès l’année suivante, les Bleus avaient montré une force de réaction indéniable en s’octroyant un deuxième titre de champion du monde. "Il y a aussi eu l’après de l’Euro allemand, où on a vu que parfois, certains éléments extérieurs jouent contre nous. Cela avait été compliqué de digérer tout ça. Mais assez constructif finalement", reconnaît Fernandez, capitaine d’une équipe qui a grandi, à travers les différentes générations, grâce à ses échecs.
Autre épisode douloureux : Les JO d’Athènes qui restent encore ancrés dans toutes les têtes. Impériaux en poule, les Bleus avaient dégringolé subitement de leur nuage en quart, face à la Russie. Le même mal qu'en 2000. "A quoi ça sert de gagner ses cinq premiers matches, si c’est pour se faire sortir comme ça ? On n'a compris qu’à partir de 2004 que la compétition olympique commençait en quart, pas avant", juge Fernandez. A Londres, monter sur le podium suffira-t-il à faire oublier les déboires du début d'année ? Si l’or n’est pas au bout, le capitaine des Experts ne cracherait pas contre un autre métal : "Même si ce n’est que du bronze, je le prends sans hésiter". Daniel Costantini va dans ce sens, mais pas plus loin : "Je ne suis plus joueur mais si je devais miser quelques livres sterling, je les mettrais sur la France médaillée, mais pas forcément en or". Et Fernandez dans un dernier élan : "Si on repart de Londres avec une médaille autour du cou, on se sera relevé de notre échec en Serbie". 

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